Elodie Sire, quand la créativité s’exprime en toute liberté

Qu’est-ce qui vous a amené à devenir architecte d’intérieur ?

Mon rêve de devenir architecte d’intérieur remonte à mes 10 ans. À cette époque, j’ai visionné une émission à la télévision où j’ai découvert une décoratrice d’intérieur. Depuis ce jour, cette idée n’a jamais quitté mon esprit.
J’ai également grandi avec des parents qui accordent beaucoup d’importance à l’ameublement. Il est important pour eux d’être bien chez soi. Ce que l’on voit durant notre enfance nous aide beaucoup. Cela nous formate.

Comment définissez-vous votre style ?

Je ne me range pas dans un style en particulier. Cependant, le premier mot qui me vient à l’esprit est intemporel. J’aspire à créer une architecture qui perdure à travers le temps. Il est important de faire la distinction entre le travail de l’espace, de la lumière, des revêtements, l’achat des meubles et des éléments que l’on peut changer.
Les fabricants jouent également un rôle. Nous sélectionnons des produits parmi les collections qui nous sont proposées.
J’aime également la fantaisie et mélanger les styles. Lorsque les choses sont belles, on ne s’en lasse pas.

Pour vous, il est très important que l’intérieur du client reflète sa personnalité. Comment faites-vous pour analyser et comprendre l’univers du client ?

Ce n’est pas toujours facile. Il y a certains clients qui n’ont pas toujours confiance de prime abord. Pour comprendre leur univers, je m’intéresse beaucoup à eux. J’essaie de comprendre ce qu’ils aiment et ce qu’ils n’aiment pas. Je cherche également à connaître leurs histoires par rapport à leurs anciennes maisons, ce à quoi ils sont sensibles.
Par ailleurs, bien que l’on parle souvent d’un client, il s’agit généralement d’un couple. Ce sont donc deux individus avec des cultures et des histoires différentes. Cette diversité enrichit le projet. Il est donc important d’être à leur écoute.
Je n’impose rien. Certes, il faut avoir une cohérence dans les projets mais ce qui est important, c’est que les clients se sentent bien chez eux. Mon objectif principal est de créer des espaces sur mesure pour des personnes uniques.

Vous avez le don d’intégrer avec harmonie les objets insolites dans vos projets, comment procédez-vous ?

Je prends des risques. Il faut de la légèreté et s’amuser. Chaque chantier représente un laboratoire. Je m’efforce de ne pas faire la même chose, de ne jamais utiliser les mêmes objets.
Il faut également se sentir libre des tendances et de la mode. Depuis mes débuts en 1998, j’ai constaté que l’on perd en personnalité.

Vous avez une passion pour les matériaux antiques et l’artisanat, d’où est-ce qu’elle en découle ?

De l’observation de la basse qualité vers laquelle on tend de plus en plus. Durant mes 25 ans d’expérience, j’ai vu cet artisanat s’appauvrir. Cela m’a rendu plus admirative des objets uniques fabriqués à la main, dont j’ai vu les ateliers fermer progressivement.
Ce sont des artisans qui réalisent des créations sur commande et à l’unité, tels que la céramique, la marqueterie, et la broderie. Si des métiers, tels que les nôtres, n’encouragent pas ces savoir-faire, ces artisans risquent de perdre leur clientèle. Or, ce qu’ils font est extraordinaire.

En 2020, vous avez ouvert une boutique éphémère, un tout nouveau concept intitulé “ Ce qui nous lie”. Pouvez-vous nous raconter son histoire ?

Mon mari est propriétaire d’une société dans le secteur viticole. A cause du Covid, son activité a été fortement impactée. En parallèle, j’avais une boutique, jusqu’en 2016, où je vendais des meubles et des objets d’art. Bien que j’appréciais cette activité secondaire, elle demandait énormément de temps.
C’est alors que nous avons eu l’idée de créer des boutiques éphémères pour occuper le temps entre deux périodes de confinement. En discutant, nous avons eu envie de mélanger le monde du vin avec celui de la vaisselle dans le but de créer un concept ‘Art de la table’. Cette idée a très bien marché et mon mari a pris goût à cette aventure. C’est ainsi que nous avons décidé de poursuivre et de développer ce projet.